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30 mars 2017 4 30 /03 /mars /2017 14:20

Philippe Chitarrini, L'EXPERIENCE-COULEUR

 

Le travail récent de Philippe Chitarrini privilégie l’abstraction construite avec une prédominance dans les recherches d’accords de couleurs. L’usage de la couleur doit s’entendre ici au sens large de matière pigmentaire déposée sur un support, ce qui n’exclue de fait ni le gris, souvent associé à des surfaces aux teintes vives comme Sans titre (rose vif, gris moyen) - 2017, ni le noir Sans titre 8 - 2016.
Deux orientations marquent actuellement les recherches de cet artiste : la tentation du monochrome et celle de la spatialisation ambiguë de figures géométriques simples. La première recherche conduit Philippe Chitarrini à accrocher traditionnellement sur un mur ou à installer au sol, donc horizontalement disposées sur des chevrons de bois, des toiles d’une même couleur.
Surtout lorsqu’il s’agit de monochrome, l’expérience-couleur est vécue par le peintre d’abord, et le regardeur ensuite, dans le dépassement de la présence physique des éléments matériels des œuvres. Ce qui importe va au-delà de la rencontre visuelle concrète, l’essentiel est dans la manifestation phénoménologique.
Le dispositif scénique est à la fois simple et élaboré. L’artiste a bien compris que la présence de la couleur est d’abord liée à sa présentation. Bien que perçu par des données physiques, l’espace volumique de la couleur est fictionnel, imaginaire ; la couleur peinte est avant tout un paradoxe visuel, elle ne possède pas la stabilité des formes
dessinées. Le peintre sait que la couleur n’est pas donnée une fois pour toutes. La couleur est une donnée visible susceptible de modification en fonction de l’environnement (contexte, éclairage, etc.). C’est pourquoi Philippe Chitarrini travaille ses toiles monochromes avec des matières picturales différentes produisant des aspects de surface variés que les cartels précisent « acrylique et glycéro sur toile » ou « acrylique mate et laque brillante ».
Pas de mono orientation colorée chez cet artiste, une série sera vert vif et une autre orange vif, d’autres toiles mettent en avant le bleu moyen. Cela permet, dans l’exposition, aux visiteurs de se laisser attirer par telle ou telle teinte. Certaines couleurs attisent votre curiosité, mieux, elles vous sollicitent pour le plaisir. La couleur marque le désir, signale la passion non pas pour elle-même mais pour quelque chose qu’elle présentifie ou qu’elle symbolise. La couleur est peut être là pour rappeler qu’il existe d’autres jouissances que celle de l’esprit.
Le monochrome est une des pratiques expérimentées par les artistes abstraits contemporains qui choisissent de réduire leur palette à une couleur, Philippe Chitarrini joue de cette histoire. Les titres indiquent des monochromies mais le visiteur constate les variations notables des effets obtenus. Les toiles se divisent et les déplacements des regardeurs leur font constater des écarts dans les perceptions suivant leur position. Les parties brillantes reflètent l’environnement et la silhouette du spectateur se distingue parfois lorsqu’il fait face. Les peintres de la couleur savent que la qualité de la couleur dépend du nombre de couches accumulées, de la qualité du support et de la texture de la matière picturale. Sur ces aspects techniques les œuvres de Chitarrini sont remarquables. Les surfaces où les traces d’exécution sont visibles sont là pour montrer la possible dichotomie.
Si Philippe Chitarrini installe des écarts visuels dans une même couleur et il ne se prive pas par ailleurs de jouer des effets produits par la juxtaposition des teintes variées. Une couleur ajoutée à côté d’une autre, modifie la perception colorée mais aussi l’interprétation spatiale des plans. Dans la série Sans titre (Pantone) – 2017, la simple division de ces petites toiles (20 x 20 cm) en deux par une droite joignant les milieux de deux côtés opposés du carré, installe des effets d’espace entre les deux rectangles en fonction des teintes choisies, leur saturation ou leur luminosité. L’artiste a choisi de poser ce rose au-dessus de cet orange. Il réussit ainsi à éviter la rupture de l’effet de surface puisque ces deux teintes ont une valeur de gris approchante. On notera que cet accord a particulièrement séduit l'artiste puisqu'il en a fait la couverture de son document d'artiste. Dans tous les autres assemblages de la série l’un ou l'autre des rectangles vient légèrement en avant et ce indépendamment du choix d'une peinture mate ou brillante. Les différences sont souvent ténues et la distinction des avancées spatiales peut paraître incertaine. D’autres séries, comme la Série ouverte : Sans titre - 30 x 24 cm - 2016, font jouer des illusions de battements d’espaces en fonction des couleurs choisies pour les deux figures découpées superposées sur le fond coloré. Les valeurs lumineuses et les saturations provoquent les attirances entre les teintes qui perturbent la logique de la géométrie : le rouge attiré par le rose du fond s'enfonce dans celui-ci dans la partie supérieure de l'œuvre tandis qu'il reste en avant du rectangle vert dans la partie inférieure créant ainsi une perception ambiguë.
La simplicité de ses peintures n'est qu’apparente. On comprend qu’il faut s’arrêter un moment devant chaque peinture pour apprécier les effets différenciés. Qu’elles soient juxtaposées ou imbriquées, il y a dans ces œuvres colorées un balancement persistant entre l’optique (le phénomène physique) et l’haptique (le lieu d’inscription d’un désir). Philippe Chitarrini travaille à installer un " lieu visuel " que Didi-Huberman oppose à l’espace visible lorsqu’il parle des travaux de James Turrell : " Il faut penser le lieu visuel par-delà les formes visibles qui circonscrivent sa spatialité, il faut penser le regard au-delà des yeux, puisque aussi bien en rêve nous regardons les yeux fermés 1".
Le réel de la peinture s’appréhende au-delà de la surface et des données physico chimique, dans une distance subjective, favorisée par un arrêt du temps lors du moment du regard face à l’œuvre.
Les peintures de Philippe Chitarrini attirent le spectateur par des jeux savants de couleurs et de formes jusqu’à provoquer une série de réflexions. La couleur est privilégiée à la fois comme élément matériel de l’œuvre et comme processus générateur de la plasticité. Ces réalisations ne sont pas faites pour devenir intelligibles mais pour être des exemples sensibles, plus du côté sensuel et du changement que de l’intellectuel et de l’immuable.

 

Jean Claude Le Gouic Mars 2017

 

Jean Claude Le Gouic est professeur d’université à Aix-en-Provence et critique d’art

 

1 Georges Didi-Huberman, L'homme qui marchait dans la couleur, Editions de Minuit, 2001, p. 58.
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20 mars 2017 1 20 /03 /mars /2017 12:04

Tableau de la série "PANTONE" grand format

Acrylique mate et laque brillante sur toile - 100 x 100 x 4,5 cm - 2017

 

 

Tableau de la série "PANTONE" grand format
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20 mars 2017 1 20 /03 /mars /2017 11:39

SÉRIE "PANTONE" GRAND FORMAT

Sans titre - Acrylique mate et laque brillante sur toile - 100 x 100 x 4,5 cm (chaque) - 2017

 

 

SÉRIE "PANTONE" grand formatSÉRIE "PANTONE" grand format
SÉRIE "PANTONE" grand formatSÉRIE "PANTONE" grand format
SÉRIE "PANTONE" grand formatSÉRIE "PANTONE" grand formatSÉRIE "PANTONE" grand format
SÉRIE "PANTONE" grand formatSÉRIE "PANTONE" grand formatSÉRIE "PANTONE" grand format
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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 21:12

EXPOSITION COLLECTIVE : BLEU BOUZIGUES 2017

Sans titre (rose, gris) - Laque brillante sur toile - 30 x 30 x 1,5 cm - 2017

EXPOSITION COLLECTIVE : BLEU BOUZIGUES 2017
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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 21:09

EXPOSITION COLLECTIVE : BLEU BOUZIGUES 2017

Sans titre (bleu moyen) - Acrylique mate et laque brillante sur toile - 80 x 80 x 4,5 cm - 2017

 

EXPOSITION COLLECTIVE : BLEU BOUZIGUES 2017
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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 20:58

REGARD D'ARTISTE - GALERIE DU CENTRE CULTUREL MARCEL PAGNOL DE FOS-SUR-MER

Chitarrini / Cuzin

 

Dernier jour... dernières photos...
Le Centre Culturel Marcel Pagnol de Fos-sur-Mer propose pour sa galerie une carte blanche à l'artothèque intercommunale du Territoire Istres Ouest Provence.
L'artiste invité Philippe Chitarrini fait dialoguer son travail avec les oeuvres de Christophe Cuzin appartenant à la collection de l'artothèque.

Commissariat : Béatrice Beha (responsable de l'artothèque intercommunale)
Exposition du 05 janvier au 02 mars 2017.

 

 

REGARD D'ARTISTE - GALERIE DU CENTRE CULTUREL MARCEL PAGNOL DE FOS-SUR-MER
REGARD D'ARTISTE - GALERIE DU CENTRE CULTUREL MARCEL PAGNOL DE FOS-SUR-MER
REGARD D'ARTISTE - GALERIE DU CENTRE CULTUREL MARCEL PAGNOL DE FOS-SUR-MER
REGARD D'ARTISTE - GALERIE DU CENTRE CULTUREL MARCEL PAGNOL DE FOS-SUR-MER
REGARD D'ARTISTE - GALERIE DU CENTRE CULTUREL MARCEL PAGNOL DE FOS-SUR-MER
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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 20:54

#BringSomethingPink Exposition (sur une proposition de Look&Listen)
Sans titre (rose vif - gris moyen) - Acrylique et laque sur toile - 175 x 30 x 4,5 cm - 2017

 

#BRINGSOMETHINGPINK - sur une proposition de LOOK&LISTEN
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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 20:50

Sans titre (rouge sombre) - Acrylique et laque sur toile - 7 x (30 x 30 cm)

 

Série verticale rouge sombre
Série verticale rouge sombre
Série verticale rouge sombre
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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 20:37

INAUGURATION : SCULPTURE EN MARBRE DE CARRARE DANS LES JARDINS DU MOULIN DE VALAURIE

Inauguration officielle de ma sculpture hier dans les jardins du Moulin de Valaurie (photos : Béatrice Beha) en présence de Jérôme Sportiello (mon mécène - chef d'entreprise), Jacques Philippot (Président du Cube/Maison de la Tour), Patrick Labaune (Président du Conseil département de la Drôme et Député), Luc Chambonnet (Maire de Valaurie et Conseiller général du canton de Grignan), Fabien Limonta (Vice-Président du Conseil département de la Drôme, chargé de la Culture), Monsieur le Ministre Hervé Mariton (hors champ), Annie Delay (Directrice du CAC St-Restitut), Didier Tallagrand (Galerie Angle),... et j'en oublis !!

 

INAUGURATION DE MA SCULPTURE - JARDINS DU MOULIN DE VALAURIE
INAUGURATION DE MA SCULPTURE - JARDINS DU MOULIN DE VALAURIE
INAUGURATION DE MA SCULPTURE - JARDINS DU MOULIN DE VALAURIE
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14 février 2017 2 14 /02 /février /2017 21:16

Jeudi 16 février 2017 à 11h30, présentation de ma sculpture dans les jardins du Moulin de Valaurie.

Cette pièce reste un peu particulière au sein de mon travail. Conçue dans le cadre très spécial d’une commande, elle matérialise la rencontre entre un motif organique et un volume géométrique.

Marbre de Carrare massif poli (réalisée dans les ateliers Sportiello)

 

 

INAUGURATION : SCULPTURE  -  JARDINS DU MOULIN DE VALAURIE
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